Chaque professionnel qui suspecte un cas de maltraitance doit mettre tout en œuvre pour faire cesser la maltraitance et protéger durablement l’enfant. La loi impose en effet à chacun de venir en aide à une personne exposée à un péril grave : LES ARTICLES 422 bis et 422 ter DU CODE PENAL PUNISSENT CELUI QUI S’ABSTIENT DE VENIR EN AIDE A UNE PERSONNE EXPOSEE A UN PERIL GRAVE (non-assistance à personne en danger).
Il est important de préciser qu'il ne s’agit pas d'une obligation de dénonciation aux autorités judiciaires, mais bien de venir en aide, c'est à dire de prendre les mesures de secours les plus adéquates, par exemple en faisant appel aux services spécialisés.
Les premières réactions sont importantes pour l’enfant. Si celui-ci se sent bien écouté et soutenu au moment de ses confidences, il en retirera une force pour tenir bon si, par la suite, sa parole est mise en doute.
L’adulte qui recueille les confidences de l’enfant ne doit pas mettre en doute ce qu’il entend.
Il ne doit pas se laisser guider par une curiosité spontanée qui risque de transformer les propos de l’enfant.
La personne qui recueille les confidences peut être assaillie par diverses réactions difficilement contrôlables :
Il importe d’envisager la suspicion d’un cas de maltraitance en restant calme et maître de soi.
Deux écueils extrêmes sont à éviter : premièrement, le déni des faits ("c'est impensable") ; deuxièmement, l'intervention «Zorro» ou « Robin des Bois» (des enseignants, sensibilisés par ce problème, ont l'œil et l'oreille ouverts et peuvent se sentir investis du devoir de venir en aide à l’enfant seul et contre tous).
La meilleure attitude est, vous l'imaginez, à mi-chemin entre ces deux extrêmes.
Sauf en cas de danger grave et immédiat pour l’enfant, surtout quand il est petit, il est nécessaire d’éviter de prévenir la police ou le procureur du Roi. Cette démarche risque en effet de judiciariser rapidement la situation, avec éventuellement des sanctions pénales, alors que des structures d’aide spécifiques existent dans chaque arrondissement judiciaire.
Une règle de nécessité absolue fait loi : ne pas divulguer à n’importe qui le secret de l’enfant.
Une caractéristique des enfants en difficultés consiste à se confier à des personnes issues de leur entourage et chez qui ils perçoivent la possibilité d’être écoutés confidentiellement. Suite au respect du secret de l’enfant, la collaboration avec les instances compétentes a plus de chances d’aboutir à ce que l’enfant souhaite le plus : ne plus être maltraité, mais surtout garder ses parents. Le secret ne peut être partagé qu'avec une personne qui peut aider à solutionner les problèmes rencontrés par l'enfant. Cette personne étant elle-même tenue au secret.
Il convient donc, absolument, de ne pas ébruiter les inquiétudes auprès des collègues ou, pire encore, auprès d’autres parents. Pourtant, il est important de ne pas rester seul face à la prise en charge d’une situation de maltraitance. Le risque d'erreur est trop grand et les conséquences sérieuses. Il est nécessaire que l'enseignant gère au mieux sa part du travail et puisse ensuite passer le relais à une personne compétente pour poursuivre l'aide à l'enfant.
Quelques conseils judicieux face à l’enfant :
Si l'enfant se livre à des confidences inquiétantes :
Que faire pratiquement lorsque des inquiétudes subsistent ?
Si les inquiétudes persistent, il s’avère alors nécessaire de demander de l'aide en fonction de la situation de maltraitance :
Le premier interlocuteur d'un enseignant est, après en avoir parlé avec le directeur de l'établissement, un membre du PMS et/ou du PSE. Ceux-ci, après analyse de la situation, interpelleront l'une des structures spécialisées que nous allons vous décrire par la suite.
La direction de l’école peut convoquer les parents dès qu’elle est assurée que l’enfant est en sécurité. L’entretien avec les parents doit être préparé. A la clôture de l'entretien, il est important que le/la directeur/trice précise aux parents que le rôle de l'école n'est pas de mener une enquête mais qu'il est de sa responsabilité de veiller au bon développement des enfants. L'équipe scolaire va poursuivre sa mission d'enseignement et orienter la famille vers des services appropriés pour les aider à dépasser leurs difficultés.
Il est important de :
Le directeur et l’enseignant doivent faire part aux parents de leurs inquiétudes en évoquant leurs observations les plus complètes et les plus objectives possibles plutôt que les dires de l’enfant.
Face à un refus de collaborer et/ou une attitude très agressive des parents à l'égard de l'enseignant ou du directeur, le rôle du directeur, aidé éventuellement par un agent PMS, est de signaler aux parents que son devoir est d'informer les autorités compétentes (SAJ ou Parquet) qui évalueront l'état de danger dans lequel est l'enfant et les mesures d'aide à mettre en place avec eux.